Une visite privée de La Charité

La voilà, La Charité, la merveille clunisienne !

Croyant ou athée, il faut voir La Charité-sur-Loire avec les yeux mais aussi avec le cœur… Franchissons le pont de pierre, bâti en 1520, il a retrouvé depuis 2018 une nouvelle jeunesse. Sur la passerelle, jetez un coup d’œil sur le quai à gauche : une ouverture, celle du « guichet » qui récupérait les péages relatifs aux transports sur le fleuve.

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5 place Sainte Croix
Tél. 03 86 70 15 06

Place sainte-Croix, vous êtes dans l’église Notre-Dame classée grâce à Prosper Mérimée

Après ces escapades, le moment est venu de se recueillir à l’église Notre-Dame. Depuis le clocher de des Bertranges, c’est 900 ans qui vous contemplent ! Levez les yeux vers le ciel et admirez les dentelures brun-rosé du portail, restaurées en 2012. Place Sainte-Croix, vous êtes dans l’église, du moins ce qu’il en reste. Vous pouvez observer que des gens habitent ce « quartier » privilégié, à l’image de l’office de tourisme. Pour votre gouverne, sous vos pieds, se trouvait probablement l’ancienne chapelle paroissiale et son cimetière, des ossements ayant été retrouvés lors de récentes fouilles archéologiques. Il faut dire que martyrisée, brûlée, la prieurale s’est toujours relevée s’adaptant aux vicissitudes du moment.

Elle a même failli disparaître en 1840 au profit du tracé de la Route Royale Paris-Nevers qui traversait la nef… Mais Prosper Mérimée passait par là et l’a sauvée de la destruction en la classant « Monument Historique ».

Depuis 1998, l’église Notre-Dame est inscrite sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO en tant qu’étape majeure sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France.

Outre les deux tympans remarquables, attardez-vous sur les chapiteaux du chœur, où l’Agneau pascal fréquente des créatures extraordinaires, pour ne pas dire démoniaques dans cet édifice à la gloire de Dieu long de 150 mètres. Sortez alors à droite, par le passage de la Magdeleine. Puis, tout de suite à gauche. Longez le chevet et là, surprise, encastrée entre deux chapelles rayonnantes, la maison du nain. Immanquable. Un bon bol d’air dans le jardin des Bénédictins où situent les ruines de l’église Saint-Laurent.

 La résurrection du prieuré

Le prieuré renaît de ses cendres depuis 2001. Durant la grande époque clunisienne, pas moins de 200 moines y vivaient. Guerre de Cent ans, Guerres de religion, incendie colossal de 1559 vont précipiter son déclin jusqu’à la Révolution où il sera vendu comme Bien National. Les civils remplacent les ecclésiastiques.  Retour à la splendeur d’antan avec le XXIe siècle, grâce à une série de restaurations où l’ancien embrasse le contemporain dans une belle harmonie. Progressivement, le prieuré redéploie ses ailes, rouvre ses salles et son cloître au public. Une résurrection qui permet à La Charité l’attribution du label Ville d’Art et d’Histoire en 2012 puis du titre de Centre culturel de rencontre l’année suivante.

Ce voyage dans le temps ne peut s’achever sans un assaut sur les remparts du nord de la Ville où la vue est imprenable. Dans ces tours, se sont souvent mêlées la grande et la petite épopée des Charitois, celles des soldats qui défendaient vaillamment les murs de l’enceinte mais aussi celle de ces amoureux qui aimaient se retrouver à l’abri des regards pour écrire leur propre histoire.

Entrons maintenant dans la ville, plus facilement que Jeanne d’arc… elle a dû renoncer à prendre cette place fortifiée en 1429 face au redoutable mercenaire Perinnet-Gressard, lequel a d’ailleurs sa tour parmi les remparts de la cité. Rue du Pont, rue des Chapelains, place des Pêcheurs, la basse-ville n’a pas vraiment changé, ses maisons anciennes avec ses ruelles où il est si agréable de s’y perdre. Un quartier plein de mystères et de surprises qu’il vous faudra découvrir… Dans tous les cas, ne manquez pas les 84 marches, la chapelle des Mariniers ou encore la rue du Grenier à Sel, tout cela vaut le détour.

La Loire, ce n’est pas qu’un fleuve sauvage, c’est un état esprit.

« Ici, on n’a pas la mer, mais on a la Loire ! »

Certains la considèrent même comme une personne. Il est vrai qu’elle entretient depuis toujours un lien particulier avec les hommes qui ont tenté sans cesse de l’apprivoiser. Gabarres, toues et fûtreaux remplis de leur cargaison de bois, vin ou sel ont navigué dans ses méandres de port en port contribuant à l’activité économique du territoire. Une Loire également nourricière, avec la capture des saumons dans leur remontée à la grande époque, ou la friture d’été encore appréciée dans les assiettes locales. Une Loire qui donne mais qui reprend également. Les anciens vous parleront des bateaux lavoirs et celui du marchand de poissons qui faisaient la fierté des quais charitois, fracassés par la débâcle des glaces de l’hiver 1918. Comment ne pas évoquer les crues centennales ? 1846, 1856, 1866 et 1907, des dates gravées sur les murs des maisons et sur le quai de halage marquant à jamais la mémoire collective.

Profiter d’un patrimoine naturel exceptionnel

Mais à ces colères, succède une douceur de vivre, avec un seul credo « prendre son temps ». La biodiversité du paysage de cette « Loire des îles » est si riche à La Charité que la zone a été classée en Réserve Naturelle, de l’aval du pont jusqu’à Tracy-sur-Loire. Au total, 1.500 hectares sur 20 km, de quoi abriter 500 espèces de flore, 200 espèces d’oiseaux, et moult animaux sauvages. Avec de la chance vous pourrez croiser un castor ou un chevreuil, et admirer des grues cendrées qui ont choisi les îles ligériennes comme lieu de villégiature.

Alors n’hésitez pas, besoin de détente et de dépaysement, la Loire vous attend pour un bon bol d’oxygène ! ll y a de multiples façons de la découvrir : à pied, en canoë, à vélo… Il y en a pour tous les goûts. Si vous êtes plutôt faune et flore, la Réserve organise des sorties nature thématiques, comme des points d’observation des oiseaux mais aussi des « chasses » aux traces animales, histoire de jouer les sherlock dans les prairies ligériennes. Côté descente de Loire, des excursions en canoë sont proposées tous les jours en saison, avec même, la possibilité de bivouaquer sur les îles. Et si vous ne voulez pas pagayer, vous pouvez embarquer sur des bateaux traditionnels de Loire. Des professionnels du tourisme sont à votre service mais rien ne vous empêche de partir à l’aventure tout seul ! Comme d’enfourcher un vélo et de partir sur le circuit de la Loire à vélo, 800 km de piste cyclable qui relie Cuffy (à hauteur de Nevers) à Saint-Brevin-les-Pins (en face de Saint-Nazaire).

Pour les taquineurs de goujons, la pêche à la jambière reste un passe-temps idéal en été sans être un pro. Il faut juste surveiller sa ligne et l’endroit où l’on met les pieds… Attention aux « culs de grève », des trous dans le sable qui peuvent vous rafraîchir malgré vous. Astuce, pêchez toujours en remontant le courant.

N’oubliez pas aussi de muser simplement sur la « Chevrette » (digue) et profiter du panorama imprenable sur La Charité, en gardant à l’esprit que la vie est un long fleuve tranquille.